A titre d’exemple très proche, à Saint-Guilhem-le-Désert, le Verdus s’est également emboîté de 20 m en contrebas d’une terrasse de tufs holocènes. Comme le montre le canal d’irrigation créé par les moines dès leur installation, l’incision est terminée vers l’an 1000. Cette homogénéité dans les manifestations de la morphogenèse subactuelle avec abandon de la travertinisation et reprise de l’érosion verticale des tufs est assez générale non seulement en Languedoc mais aussi en Provence pour qu’on puisse y déceler au moins en partie le rôle de l’homme sur la biosphère et l’évolution géomorphologique.
Ce changement a été mis en relation avec la déforestation qui s’accompagne toujours d’un accroissement du ruissellement aux dépens de l’infiltration et par voie de conséquence d’une charge terrigène accrue. Il en résulte une moindre abondance de carbonates dissous, des eaux plus troubles qui gênent la croissance des algues et mousses encroûtantes qui sont intimement associées aux tufs. La formation des tufs est doublement contrariée et puisque les eaux sont moins chargées, elles redeviennent agressives, aptes à les dissoudre. Cette agressivité à l’origine de la cascade est la principale cause qui a fixé définitivement le recoupement du méandre de Navacelles, permettant la pérennisation du tracé le plus court.
Ainsi, la cascade comme le recoupement de Navacelles sont-ils singuliers, comparés aux autres méandres recoupés et aux chutes qui parfois accompagnent cette forme. Cette rareté, intrinsèque à la notion de patrimoine, conforte le statut de géomorphosite de Navacelles. En même temps que le karst en complexifie le potentiel didactique via notamment la notion de géosystème karstique.